Le calme avant la tempête

[Avec Esther, début ici.]

Stéphane arriva à la piscine, tenant fermement la main de la jeune anglaise. Il l'avait guidé jusqu'ici selon ses désirs. Lui voulait juste rester avec elle, encore un peu, peu importe l'endroit.

"Bon ... on y est!" souria-t-il.

Stéphane laissa s'avancer Esther un peu, puis lui fit un calin par derrière, passant ses bras autour de ses épaules. Il resta un peu de temps ainsi, fermant les yeux. Juste être avec elle, juste rester avec elle. Encore un peu de temps.

Puis il la laissa partir, un peu confus, ayant l'impression de l'avoir gênée en faisant ca. "Désolé ... "

Il recula un peu, gêné.

Esther suivait docilement Stéphane, regardant de travers les pensionnaires qui les suivaient du regard. Ils arrivèrent sans encombres majeures à la piscine, ils n'avaient pas croisé un pion. Ni même un enseignant.

La jeune anglaise lacha la main de Stéphane et s'avanca un peu vers le bassin. Elle sentit alors attirée en arrière et se retrouva collée contre le jeune homme. Esther posa ses mains sur les bras qu'il avait enroulé autour de ses épaules. Ils resterent un petit moment comme ça avant que Stéphane ne se recule en s'excusant.

Esther se retourna et le regarda en souriant, un peu déçue qu'il l'ait lachée si vite.

"C'est pas grave, ca ne me gêne pas tu sais."

Puis elle se tourna face au bassin et se debarassa de ses chaussures puis de ses chaussettes. Ensuite elle enleva son pull et son jean pour se retrouver en slip et debardeur.
L'anglaise prit un peu d'élan et plongea dans l'eau avec l'agilité d'une nageuse confirmée - ce qu'elle était ayant fait plusieurs années de natation. Elle resta alors un peu au fond du bassin, regardant la silhouette floue de Stéphane qui était debout près du bassin.

Ca lui faisait du bien d'être completement submergée.

Stéphane s'assis au bord de la piscine, regardant Esther qui, s'étant déshabillée, plongeait joyeusement dans l'eau. Il souriait. Cette fille était géniale! Il était heureux de la connaître, simplement, et n'osait pas espérer plus, s'estimant déjà tellement chanceux de seulement la connaître...

La jeune anglaise commencait à remonter à la surface.
Le démon se releva vite, et enleva sa chemise, ses chaussures et ses chaussettes, ne gardant que son pantalon, puis plongea la rejoindre. Il nageait non pas avec l'aisance d'un professionnel mais avec l'agilité et l'endurance données par une vie de combats éternels.
Et il appréciait lui aussi le contact de l'eau sur son corps, glissant sur les marques qu'il portait, les nombreuses fines cicatrices sur son torse, les coups et les anciennes blessures qu'il arborait. Il aimait bien nager, même s'il en avait finalement rarement l'occasion.

Rieur, il remonta lui aussi rapidement vers la surface, pour rejoindre Esther, qu'il prit rapidement dans ses bras, en soufflant un murmure - "merci!" - avant de replonger vers les profondeurs.

Si bien... Esther était si bien au fond de la piscine. Cette sensation d'étouffement, de suffocation allait à merveille avec ses émotions profondes. Mais l'anglaise n'avait pas non plus envie de mourir noyée, elle donna une impulsion et remonta lentement à la surface.

A peine fut elle revenue à la surface que Stéphane la prenait briévement dans ses bras pour lui murmurer un "merci". Puis il plongea à son tour. Esther alla donc s'appuyer contre le bord du bassin et attendit que celui ci remonta à la surface. Lorsqu'il refit surface, elle lui demanda:

"Pourquoi tu me dit merci ?"

Bah oui, c'est plutot à elle de le remercier. Il l'avait consolée et reconfortée. Avec un sourir aux lèvres, Esther fixait Stéphane.

Surpris, Stéphane rougit et balbutia, pitoyable au final:

"bin euh ...."

Il ne s'attendait pas à ca et ne savait pas comment réagir ni comment répondre. A la place, il se devenait ridicule, partagé entre l'envie de ne jamais lui mentir et la honte qu'il ressentirait à lui dire la réponse. rouge, il s'enfonca dans l'eau, laissant juste les yeux dépasser, restant loin d'Esther, comme s'il était fautif.

Il baissa le regard et recula lentement, restant sur le bord opposé, un peu comme s'il battait en retraite, ne voulant pas affontrer la situation. C'était assez inhabituel chez lui, assez suspect...

"Je t'ais dit ca parce que... parce que..." Il n'y arrivait pas. Rouge de honte, il plongea à nouveau dans l'eau. Il n'y arrivait pas, il n'arrivait pas à répondre! Et il fuyait comme un lâche.

Stéphane remonta à la surface, n'osant pas la regarder. Il ne pouvait pas lui dire, qu'il lui avait dit merci parce qu'elle existe, merci parce qu'elle passait du temps avec lui, merci d'être là...

Esther haussa les sourcils. C'était bien la premiere fois qu'elle voyait Stéphane fuir devant une situation, encore plus en devenant aussi rouge qu'une pivoine. Elle laissa passer un petit moment - juste le temps que Stéphane plonge puis remonte - avant de s'approcher de lui.

Toujours avec la meme agilité, Esther traversa le bassin et s'appuya contre le rebord juste à côté de lui. Elle le fixa

"Bin heu quoi ? Termine ta phrase."

Elle lui décocha un sourire qui se voulait assez encourageant puis attendit patiement qu'il se decide à repondre.

Stéphane, ne sachant que dire ni que faire, déchiré entre la gêne de la réponse et la franchise qu'il voulait avoir envers elle, chercha vainement un échappatoire.

Il recula lentement.

"euh, euh, je sais plus... c'était pas important!"

Grand sourire.

Cela sonnait faux. Il le savait, Esther le savait, et tout deux savaient que l'autre s'en était ausi aperçu. Mais peut-être cela lui ferait-il gagner un peu de temps... ou peut-être qu'Esther abandonnerait; ce qi ne risquait pas d'arriver. Peut-être même s'amusait-elle de la situation, sachant que les moments ou Stéphanes réagissaient ainsi étaient rares, sinon unique.

Stéphane, en tout cas, était piégé. Il ne savait pas comment résoudre un dilemme pareil, et doutait de pouvoir le résoudre.

Esther haussa un sourcil. Rien de bien important ? Cela devait en avoir une étant donné la réaction de Stéphane. Plus que suspicieuse, la jeune fille continuait à avancer vers lui tout en arborant un léger sourire en coin.

"Bah si, ca doit être important quand même... C'est rare que tu essaies d'esquiver une question."

L'anglaise avancait, avancait. Et Stéphane reculait, reculait. Jusqu'à être coincé contre le petit bout de mur qui soutenait les plongeoirs. Là, Esther s'arreta d'avancer et s'accouda sur le bord. Elle le fixa bien dans les yeux et reposa sa question:

"Alors ? Tu vas la terminer ta phrase ?"

Stéphane ne savait pas comment s'échapper, et pour la première fois paniquait face à la situation. Que faire? Que dire?
C'était assez étrange qu'une personne, qu'une fille, le mette dans une situation pareille, alors qu'il n'était pas en danger de mort, alors qu'il n'était même pas engagé dans un combat. Aucun enjeu, rien à perdre et pourtant ... c'était la situation la plus stressante qu'il ait vécu.

Ne sachant pas quoi faire, regardant Esther qui attendait narquoisement sa réponse, il fit quelque chose d'un peu fou.

Il s'approcha d'Esther, et l'embrassa, baiser rapide mais déjà tellement osé pour Stéphane.

Puis, comme s'il s'apercevait de ce qu'il avait fait, il recula, rougissant, honteux de son acte et craignant la réaction de la jeune anglaise. Malgré tout ce qu'il lui avait fait, elle était resté son amie - plus qu'une amie - mais voila qu'il se mettait à se rapprocher ... Stéphane oubliait lentement sa malédiction en restant près d'elle, jeu dangereux car sa tare se réveillerait tôt ou tard et le retour à la réalité n'en sera que bien plus douloureux.

"Je suis désolé..." fit-il un peu vainement.

Il n'aurait pas du et il le savait; il restait un démon. Et ne vivrait jamais comme les autres. Il resterait marginal, à jamais.
Et c'était déjà si beau d'avoir une amie comme elle, vu sa tare, et il fallait qu'il détruise tout! Stéphane s'en voulait maintenant. Il avait tout gâché, et ne pouvait même pas espérer rattraper la casse: quoiqu'il fasse, quoiqu'il dise, une gêne s'intallerait et resterait à jamais entre eux deux.

Honteux, il baissa les yeux. le Démon ne savait pas comment elle allait réagir. Il savait seulement quEsther était la seule personne capable de lui faire vraiment mal, et ce rien qu'avec une parole.

"Désolé..." Lui, que devait-il faire maintenant? Peut-être qu'il devrait disparaître.

Il avait raison, il ne valait mieux pas être l'ami d'un démon... Il aurait mieux valu qu'elle s'écarte de lui et le fuie dès le début. Maintenant, après un moment illusoire ou tout semblait plus ou moins marcher, ce qu'il avait vécu s'effondrait.

Stéphane attendit la réaction d'Esther, un peu anxieux.

Esther ne répondit pas, se contentant de baisser la tête. Qu'est-ce qu'elle aurait pu lui dire ? Lui expliquer la raison de son soudain mutisme peut être ? Impossible. Elle n'en connaissait pas, elle même, l'exacte raison.

Il y avait un peu de ca et un peu ci. Des petits bouts de souvenirs confus qui revenaient sans cesse dans son esprit depuis qu'il l'avait embrassée.

"Pas grave."

Murmure presque inaudible, qui couvrait à peine les clapotis de l'eau trop chlorée.

L'anglaise regarda par les hautes baies vitrées qui laissaient entrer le soleil. Il était déjà bien haut. L'heure d'aller dans le bureau du sous derche approchait à grands pas. Trop vite.

Dans un geste presque aussi fou que celui de Stéphane, Esther s'approcha de lui. Doucement elle prit le menton du jeune homme entre son pouce et son index et lui releva la tête. Un sourire.

L'anglaise posa ses lèvres sur celles de Stéphane et l'embrassa plus longuement.

Puis elle se détacha et se recula legerement. Esther se mordit la lèvre inferieure et baissa la tête. Elle n'était honteuse de ce qu'elle venait de faire, elle s'en voulait juste de ne pas savoir ce qu'elle ressentait exactement pour lui.

[Désolé, post très court...]

Rougissant un peu, surpris de sa réaction, Stéphane la regarda sans rien faire.
Puis, sans dire un mot, il s'approcha et la prit dans ses bras. Et l'embrassa.


Il la regarda ensuite, se demandant comment elle allait réagir. Peut-être allait-elle se dégager, gênée et choquée, ou alors elle n'allait rien faire, ou bien elle recommencerait comme lui...
Stéphane lui sourit. Passé de la honte et du désespoir à une sorte de sérénité nostalgique, il ne regrettait plus ce qu'il avait fait - advienne que pourra, de toutes facons ca allait mal finir puisqu'il était un démon. Et, il avait de beaux souvenirs maintenant...

Heureux mais confus, par la réaction d'Esther, par ce qui s'était passé, Stéphane demeura sans voix pendant quelque temps.

"Pourquoi? ..."

Pourquoi le fuyait-elle si elle voulait être avec lui?
Jouait-elle la comédie? Pour se moquer de lui? Parce qu'elle avait peur de lui - lui, le démon, qui l'avait déjà tabassé presqu'à mort plusieurs fois déjà?
Avait-elle peur? De qui? De quoi?
Que voulait-elle?

Submergé par ses questions, Stéphane ne savait par où commencer, comment commencer, ni même s'il avait envie de dire quelque chose, et restait sans rien dire, désemparé.

Et puis, il en avait marre. Il s'était lancé, malgré le prix de cette action, et il n'avait pas même de réponse claire. Il s'attendait à être franchement rejeté, ou au mieux repoussé plus ou moins timidement - mais Esther ne se décidait pas, et lui ne savait plus que penser.

Que voulait-elle?

Que voulait-elle? Il parla, finalement. Posa la question qui les résumait toutes.
"Qu'est-ce que tu veux?"

Esther baissa encore un peu plus la tête lorsque Stéphane lui demanda pourquoi elle s'était dégagée. Et puis elle ne répondit pas. Enfin, pas tout de suite.

Elle laissa passer quelques minutes encore. Quelques minutes de silence presque insoutenable pour l'anglaise qui enfonçait ses ongles dans la peau de ses bras pour contenir son envie de partir en courant. Ce qui n'aurait fait qu'aggraver la situation.

"Je ne peux pas... C'est au dessus de mes forces."

Finit-elle par murmurer. Cela ne devait pas beaucoup éclaircir Stéphane, voir même l'embrouiller encore plus mais Esther n'arrivait pas à s'expliquer.

Elle releva la tête lorsqu'il lui demanda ce qu'elle voulait. Elle prit un longue inspiration avant de répondre, toujours à voix basse.

"J'veux rester avec toi."

Mais elle doutait que cela puisse être possible, même si elle le désirait de tout son coeur.

"Si tu veux rester avec moi, pourquoi tu me fuis?" demanda-t-il, toujours confus. Ce qu'elle disait ne correspondait pas à ce qu'elle faisait, et il ne savait pas ce qu'il fallait croire, ce qu'il fallait comprendre.
"Choisis" fit-il simplement. Il ne comprenait pas ses hésitations, et n'aimait pas se retrouver embarqué avec elle dans ses interrogations.

Stéphane attendit une réponse.

Il fallait qu'elle se décide, mais cela ne pressait pas, en fait. Il craignait un peu la réaction du sous-directeur; mais rien de ce qu'il déciderait ne pouvait vraiment l'atteindre, et il se sentait maintenant capable de protéger aussi Esther.


Il nagea lentement vers le bord de la piscine. Vers Esther. il ne voulait pas la brusquer, mais il voulait aussi sortir, il leur faudrait bientôt partir, et il aimerait être sec et habillé devant le sous-derche.

Esther leva les yeux au ciel en faisant la moue. Choisis... Il en avait de bonnes lui ! Si elle pouvait choisir, elle l'aurait fait depuis longtemps.
L'anglaise le regarda s'avancer vers elle sans bouger.

"Te fuir n'a jamais été mon intention."

La jeune fille avait besoin de se justifier, elle lui devait bien ça. Esther était parfaitement consciente de ce qu'il ne la comprenait pas mais ce n'était pas fait exprès. Et puis, peut être qu'au fond, c'était mieux comme ça.

L'anglaise prit appui sur le bord du bassin et se mit assise sur les carrelages humides et froids. Elle, elle s'en fichait pas mal d'arriver completement trempée chez le sous derche. D'une main, elle attrapa son pull et l'enfila.
Puis, elle leva les yeux vers Stéphane et lui fit un maigre sourire.

"Je pense que c'est bientot l'heure d'y aller."

Esther se mordit la lèvre inferieur avant de soupirer. Elle ne voulait pas y aller, elle voulait rester là avec lui.

Le fuir n'a jamais été son intention? Pourtant c'est ce qu'elle faisait. Elle lui disait l'inverse de ce qu'elle faisait ... il ne la comprenait pas.
Et Esther semblait se ficher de lui; elle lui cachait quelque chose, elle lui mentait, ou elle se moquait de lui. Et lui, incapable de comprendre, se faisait trop facilement avoir.
C'était une grossière erreur que de lui avoir dit, mais en même temps il s'aperçevait qu'elle n'était pas fiable, et que comme les autres elle ne se priverait pas de l'envoyer balader ou de le manipuler si cela l'arrangeait. L'euphorie des débuts se changeait en agacement. Et une claque, une!

Vexé d'être laissé dans le flou sans raison apparente, Stéphane sortit de l'eau, récupéra ses affaires, se sécha et se rhabilla.

"Ouais, allons-y. Partons d'ici."

Et il commença à marcher, sans aucun regard en arrière, sans aucun regard envers elle. Il ne digérait toujours pas les réponses vagues et contradictoires d'Esther, il ne digérait toujours pas l'impression d'avoir été tourné en ridicule dans cette histoire, il ne se pardonnait pas de s'être laissé aller ainsi. Pourquoi tentait-il de vivre normalement? La réalité le rattrapait de toutes façons - on se moquerait toujours de lui, on le craindrait toujours. Et même Esther se moquait de lui. Et une seconde claque, une!

Esther ne bougea pas tandis qu'il s'éloignait. Elle gardait la tête baissée, des larmes coulant lentement le long de ses joues.

Pourquoi est-ce qu'il ne faisait pas un petit effort pour comprendre ? Ca ne devait pas être si difficile que ça. Surtout qu'elle lui avait expliqué en long, en large et en travers que si le sous directeur appellait son père, elle partirait d'ici et ne reviendrait plus.

Vraiment agacée mais aussi très peinée, Esther se releva et sans même tenir compte de sa tenue, qui se resumait à ses sous vetement et son pull, elle lui courrut après dans les couloirs. Elle lui saisit fortement le poignet et le força à se retourner.

"Parce que tu crois que c'est facile pour moi ? T'as le beau rôle dans l'histoire ! Pour quoi je me fait passer moi, hein ? Une sale gamine qui ne sais pas ce qu'elle veut et qui prends tout le monde pour des imbéciles !"

Elle marqua une pause, le fixant dans les yeux. Tant pis si il le prenait mal ! Il voulait savoir ? Et bien, il allait savoir !

"Excuse moi d'en avoir assez de souffrir de la situation ! Excuse moi de ne pas pouvoir être avec toi même si c'est tout ce que je veux ! Faire un choix t'en a de bonnes toi ! J'veux rester ici mais si je doit partir, t'as pensé ne serait-ce qu'une seconde à ce qui se passerait ?"

Esther inspira profondément, les larmes de rage et de tristesse roulant sur ses joues rosies par leur baignade. Elle lui lacha le poignet et secoua la tête de gauche à droite avant de lui tourner le dos. D'un geste rageur, elle essuya ses larmes. Il voulait savoir ? Il savait maintenant.

Lorsqu'Esther l'avait pris par la main, il s'était arrêté pour l'écouter, malgré sa colère sourde. En temps normal - avant - il l'aurait fait violemment lâcher prise, avant de repartir comme si de rien n'était, ou, plus probablement, l'aurait déjà abattu sans scrupule. Stéphane changeait, même s'il ne s'en rendait pas compte.

Il l'écouta patiemment, toujours agacé, peut-être même furieux, puis lui répondit, lentement, d'une voix glaciale.

" Tu es une sale gamine qui prends tout le monde pour des imbéciles!
T'as peur à ce point de la réaction du sous-directeur? T'as pas compris qu'il ne pouvait rien nous faire? Même siil annoncait que tu devais repartir avec ton père, faudrait d'abord qu'il vienne ici, on aurait le temps de s'enfuir.
Et si on part d'ici, personne ne nous retrouvera. J'ai vécu trois ans dans les rues, pourchassé par les flics, je sais de quoi je parle. Si on part d'ici, on partira en Angleterre retrouver ta mère, c'est qe que tu veux, non? De quoi as-tu peur? De perdre ta petite vie confortable dans une cage dorée, dans laquelle tu ne feras jamais ce que tu veux?"

Il s'arrêta, un temps, puis reprit de plus belle, haussant le ton, perdant le calme qu'il tentait de maintenir mais dont nul n'était dupe:

"Je te comprends pas, je vois pas de quoi t'as peur alors qu'il y a rien à craindre. Et j'en ai marre de me faire avoir par tes gamineries! Tu m'soûles, Esther!"

Il l'avait pris par les épaules et l'avait forcé à se retourner, pour la regarder dans les yeux. Il en avait marre qu'elle le fuie. Il en avait marre de cette situation hésitante - qu'elle parte ou qu'elle reste!

Esther le regardait, furieuse. Il ne comprenait rien à rien ! Et il semblait aussi enervé qu'elle. D'un geste vif, elle se degagea de son emprise.

"Ah ouais, j'te soûle ? T'as voulu savoir, et bien tu sais maintenant !"

La jeune fille fit un pas en arrière, sans le lâcher du regard. Elle le fixait, les sourcils froncés, dans un signe d'un grand enervement. Elle n'en revenait pas de s'engueuler avec lui. Jamais, elle n'aurait cru ça possible.
Esther se calma peu à peu et secoua la tête de gauche à droite.

"C'est vrai, Stéphane. Je ne suis qu'une gamine après tout. Je ne sais pas ce que je veux, je ne sais pas de quoi j'ai peur. Mais j'ai peur, c'est tout. Je ne sais pas ce que je ressens pour toi."

Elle marqua une pause et soupira tandis qu'elle pleurait toujours.

"Je ne sais pas si je suis amoureuse de toi ou non. Mais, probablement que tu en a rien à faire, puisque tu viens de me dire que tu en avais marre de mes gamineries et que je te soûle."

Esther marqua une seconde pause puis annonca, d'une voix forte mais qui trahissait sa peine.

"Voila, je t'ai tout dit. Tu sais tout. On a probablement plus rien à se dire."

Elle essuya ses yeux gonflés par ses pleurs et lui tourna le dos, reprenant le chemin de la piscine.

La voyant repartir, triste, il l'arrêta en la prenant dans ses bras.

"T'es vraiment une gamine" fit-il, un peu amusé maintenant mais toujours un peu vexé; "tu penses vraiment que je m'en fout? C'est pas vrai! C'est pas vrai. Je m'en fiche pas, pas du tout. Pourquoi tu crois que je me suis énervé?"

"Ecoute, t'as peur, d'accord, mais je suis là; je t'ai dit que je te protégerais, et je te protégerais. Promis!" continua-t-il, peut-être un peu plus difficilement: il était gêné parce qu'il essayait de dire. "Et, arrête de me cacher des trucs, d'accord? Je veux pas me retrouver perdu encore une fois comme ca,c'est trop désagréable pour que je le supporte sans rien dire."

Vraiment gêné maintenant, il la lâcha. Et recula un peu, silencieux.

"Tu veux faire quoi maintenant?" dit-il, murmura-til presque. "Je veux pas te pourrir la vie. Pas toi. Alors je te laisse choisir..."
Son tour d'être incompréhensible. Super...

Esther se laissa faire se broncher, se contentant de se blottir contre lui. Ils n'étaient vraiment que deux imbéciles de s'engueuler.
Puis il se détacha d'elle. La jeune fille ne se retourna pas pour autant. Elle avait encore un choix à faire. Mais, cette fois, elle devait le faire. Elle pouvait le faire.

"Je veux rester avec toi."

Murmura la jeune fille en se retournant. Peu importe la decision de ce foutu sous directeur, elle voulait rester avec lui. Que ce soit içi ou ailleurs, ça lui était bien égal tant qu'ils étaient ensemble.
Esther s'avanca doucement vers lui avant de se blottir une seconde fois dans ses bras.

"Je suis désolée. J'te cacherai plus rien. Pardon."

Balbutia t-elle avant de nouer ses bras autour de la taille de Stéphane et de s'aggriper à son tee shirt. Elle en oubliait presque qu'elle était encore trempée et transie de froid. Détails bien futiles dans une situation pareille.

"C'est pas grave, c'est pas grave" murmura-t-il, un peu bêtement, ne trouvant pas vraiment quelque chose à dire.

"T'excuse pas" continua-t-il, presque silencieusement, "tu sais, je t'en veux pas, je t'en veux plus, c'est fini."

Il était juste heureux qu'Esther ait choisi d'être avec lui, juste heureux de la serrer dans ses bras, pour de vrai. Stéphane ferma les yeux, ne disant plus rien, avec la jeune anglaise dans les bras.

Puis, au bout d'un long moment, il reprit la parole:

"Allez, viens, on va t'habiller - tu peux pas arriver chez l'sous-directeur à poil!"



[Message court, mais ca peux être une conclusion, à moins que t'aies quelque chose à rajouter. Sinon, on continue dans le bureau du sous-directeur?]